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Les occasions ne sont pas si fréquentes d’écouter un auteur lire ses textes. J’ai évoqué à plusieurs reprises le recueil cri & co, paru en février 2008 chez l’éditeur Le Grand Os. cri & co permet de découvrir le personnage d’Avine, qui revient dans Dâh. On y découvre plus avant les rapports de l’auteur à la « langu’ françaiz’ », à ce qu’il fait de sa rythmique, de sa prosodie : l’effet visuel obtenu par le remplacement du E en ŒU en position tonique, par l’élision du E muet, accompagne une nouvelle articulation du texte poétique : on y prend un nouveau souffle. cri & co est un recueil qui chante les sons, dans le vide de la noix de coco et le plein de pulpe et de l’écorce qui l’enferment. Dans le retournement des sons CO et OC qui travaillent le texte. Dans la place du CRI poétique, d’une voix hors-langue, et de sa copule (son coït) avec CO. Dans la question de l’ŒUF, de l’origine.
A moi, lecteur, d’enfourcher « une très vieille et très jeune monture », comme l’annonce l’auteur en note liminaire, et de prendre mon souffle pour une nouvelle respiration. C’est charnel, pulpeux et drôle. C’est l’annonce d’une métaphysique, celle qui se demande pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, de ce qui restera « des objets du mond’ (mond’) quand / tu auras fini dœu m’aimer […] », de ce qui « commenç’ au noyo » (« o-gottogot », cri & co p. 53).
Je propose ici un enregistrement réalisé par l’auteur du premier poème de cri & co, intitulé » un bon coup dœu coco » :