488. Je note donc sur ma carte cette nouvelle constellation : Boulogne-sur-Mer, Arundell, Burton, l’impossible sauvetage de la femme aimée, la gitane et le romani, le goût des marges, le polyglottisme, le poinçon du X, trouant le texte, en interdisant la lecture.
Retour sur X.

Par association d’idées, l’image du puzzle perecquien me vient à l’esprit. La queue d’aronde tient du puzzle, si cher à Perec.

Dans W ou le souvenir d’enfance (1975), l’écrivain évoque, au chapitre XV,
« cette figure en X que l’on appelle ‘Croix de Saint-André’, et réunies par une traverse perpendiculaire, l’ensemble s’appelant, tout bonnement, un X. Mon souvenir n’est pas souvenir de la scène [du vieil homme qui sciait du bois sur le X], mais souvenir du mot, seul souvenir de cette lettre devenue mot, de ce substantif unique dans la langue à n’avoir qu’une lettre unique, unique aussi en ceci qu’il est le seul à avoir la forme de ce qu’il désigne (le « Té » du dessinateur se prononce comme la lettre qu’il figure, mais ne s’écrit pas « T »), mais signe aussi du mot rayé nul – la ligne des x sur le mot que l’on n’a pas voulu écrire -, signe contradictoire de l’ablation [en neurophysiologie, où, par exemple, Borison et McCarthy (J. appl. Physiol., 1973, 34 : 1 – 7) opposent aux chats intacts (intact) des chats auxquels ils ont coupé les vagues (VAGX), soit les nerfs carotidiens (CSNX)] et de la multiplication, de la mise en ordre (axe des x) et de l’inconnu mathématique … » (Gallimard, p. 110)
Je ne calque évidemment pas le texte de G. Perec sur celui de C. Macquet. Il reste que ce qu’écrit Perec sur le x s’applique en partie au X de l’auteur de Dâh. Outre ce que j’ai écrit au poinçon 487, j’ajouterai le X de l’ablation de toute traduction, de l’ablation du nom de la personne évoquée dans la pièce 4 de D. (c’est bien sûr le X de l’anonymat : cette femme est morte sous X, deuil anonyme entre les 108 deuils féminins, j’y reviendrai), le X de la clôture de DLW et le X de la multiplication des sens de lui-même. X, qui a la forme de ce qu’il désigne, hapax d’une langue cratyliste (un bref instant possible !), contenant les compossibles, énantiosémique : X dit la présence de la disparition, X est trace, c’est-à-dire ce qui reste d’une présence supposée. X est le signe qui se barre lui-même, ne cessant de pointer vers lui-même, au lieu même du nom attendu. La dissémination du X dans l’œuvre répète cette trouée. Le X désosse (x ablatif latin : l’instrumental, le scalpel), le lecteur réincarne. Et puis, peut-être le X plutôt que le nom : le nom est le meurtre de la chose, le nom propre le meurtre de la personne ; par sa densité constituée de rhizomes sémantiques déployés dans les nombreux dispositifs textuels, le X échappe momentanément au meurtre. Il est locatif, en repérant sur la page le lieu de l’effacement et de l’inscription symbolique à partir duquel le reste s’ordonne (quelque chose comme l’axe des x de Perec, mais auquel s’adjoindraient d’autres dimensions : le y des ordonnées (ou la fonction paradigmatique, celle des mots possibles qui flottent au-dessus du mot retenu), et le z (fonction poétique née des deux précédentes : les déflagrations de sens).
[…] la notion de condensat (voir poinçon 341), ici opérant dans une lettre unique, m (voir aussi le poinçon 488 sur la lettre X chez C. Macquet). Je ne pourrai manquer d’associer désormais le m à […]
[…] Par la lecture, les chemins et sentes suivis, le lecteur informe le texte, charge mentalement ces signifiants de tous les sens accumulés au gré des pages, pour les décharger lorsqu’il touche les autres signifiants, et particulièrement les condensateurs, unités signifiantes brèves. On l’a vu déjà pour A ou X. […]
[…] 26 » et « enfoncer le clou | 28 »). J’ai également évoqué l’X (« l’X, approche 9 », « codicille à l’aronde »), signe très motivé dans l’œuvre de C. […]