
40
Lire Dâh : toujours bien dresser l’oreille.
41
Je viens de recevoir un livre envoûtant : La Langue des oiseaux de Christophe Macquet. Ce livre sans texte rappelle L’Oiseau : récit physique, publié en 2014 par Le Grand Os, où l’auteur proposait 82 photographies couleurs prises entre 2005 et 2012, principalement en Amérique du Sud.

Je n’ai pas ce livre-là. Je ne peux que revenir au site du Grand Os, et à un extrait de L’Oiseau chez cet éditeur, ainsi qu’à l’extrait de l’article que l’écrivain Xavier Boissel y consacre : « Le Silence de l’oiseau ».
42
Nouveau livre muet : The Language of the Birds. Publié par l’éditeur Kâla Publishing, à Phnom Penh, en mai 2021. Couverture rigide, 21 x 30. Quelques éléments de la genèse du livre sur le site de Cambodianess. La première de couverture a la densité de la nuit khmère traversée dans Dâh. Je n’évoquerai pas encore ma rencontre avec les 48 diptyques photographiques, qui font toucher à ce je-ne-sais-quoi de khmer, dont Dâh révèle un peu du mystère. Je vois combien /pʰiesaa baksəy/ ne peut être dit que dans une langue que je n’entends pas, puisque c’est la langue mystérieuse des oiseaux, que l’auteur parle dans son 25ème livre muet. Oiseaux qui volent dans toute l’œuvre de C. Macquet, incarnés dans la lettre du texte et dans le grain photographique. « Un oiseau qui me rase le regard » , lit-on page 79 de Dâh, oiseau qui déclenche l’appareil imaginaire en lignes écrites et en images. L’oiseau-lire. L’oiseau mélancolique (« la solitude Avine / elle vous laisse tirer les vers du ciel comme un oiseau triste », Dâh, p. 114).
43
« L’oiseau-langue-mystère » de la pièce 37, « Toast à Mallarmé ». Voilà ce dont il s’agit : Macquet aurait trouvé la langue des oiseaux, la langue de toutes les langues (le titre en khmer, en anglais, ici en français, etc.). C. Macquet est héritier d’Hermès et de Fulcanelli. La langue muette du livre muet parle dans Dâh, livre-athanor. L’un est la clé de l’autre, l’un se mire dans l’autre. Pas de livre central, mais des livres où l’oiseau apparaît à différentes époques (« Blanche lui avait donné son cœur en plastique / (photo n° 50 de L’Oiseau) / le temps n’avançait pas » , pièce 58 de Dâh, « A quatre ans dans mon ciré jaune ») et en différents lieux. Dâh fait référence aux oiseaux de L’Oiseau ; The Language of the Birds semble l’aboutissement d’une quête ontologique : résoudre le mystère immémorial du langage, parler en silence. [LANGUE DES OISEAUX]