a été porté au manuscrit des Approches de Dâh, Dans la nuit khmère. C’est une traversée de l’oeuvre poétique et photographique de Christophe Macquet, incluant de nombreux autres livres que Dâh.
Je le partage ici. Vous trouverez sur cette page la version la plus récente du manuscrit.
Si d’aventure vous embarquez, n’hésitez pas à m’en faire retour.
2. All the livelong night The idea of a song, a song of before, telling of A mysterious woman A woman with a breast of whispered breath Twenty leagues River? Gold? Or Unpossessed of herself Oh god it was good (so they said) that you remain nameless Cradled by the leaves After years of fruitless wandering Varman-Rosée the fuck The horrible Varman-Rosée An exiled princess No she didn’t flee The little hapless one I’m a walking disaster wandering Palms Slaughtered Ode to slowness Ode to darkness Hatred of power All forms of it Neither suffer nor exert it never Lie listless and headless With the beastly one-timer With the beastly rain Holed up with the foundlings With the signless ones With the borderless impenetrables With the infant hoards who dream of giants With their forceful prayers of impotence With the circle of fertile oblivion Far from cameras, from major narratives From those who hide behind the castle gates The immortals Leave Are consumed Their tongues swallowed Become real All the livelong night. Avine takes the old mule road The hill is steep The sun bakes his goddamn brains He would like to mount the peak He knows that there above, there, are the condors. Archibald and the rectilinear unconscious Two hundred amongst Fold the shades The incineration the jaws without territory Laughed its rust The same-old-free same (twixt two extraneous hugs) There we go, the gin is going Analgesic and Byzantium I lay there a long time with the stupefied essential dog. Thank you for the dawn Forgive us our insufficiency. I enter this glass. One day, ha you’d almost think the voice saw: in the time of the dying people… Mob riot improvised in the Snow quarter, early March, the slippery guy who fell just centimeters from the ankles of Varman-Rosée, in his thoughts, open face, closed face, face that closes, in that beautiful carelessness of his stilted march. He goes to the gate (Varman-Rosée) He climbs abord a paquebot bound for Argentina.
en langue anglaise. C’est Samuel Reichert, rencontré à la Cave Poésie de Toulouse, en compagnie de Christophe Macquet, qui s’empare des deux premiers textes de Dâh pour leur faire passer une nouvelle frontière. Samuel Reichert : poète cow-boy né au Montana, spécialiste de Samuel Beckett. Il a consacré sa thèse à la poétique de l’autotraduction et de l’intertextualité dans la trilogie de Beckett. Thèmes chers à Macquet : on comprend que Reichert traduise Macquet.
Alors, je partage. Voici le 1er.
1. Avine comes back—Kampot, june 2016 So along his way alone went Avine. The narrator listens to (teller hears) the fritting of the evening wind in the palms. The mud flats The coast literally Decomposed… aided by a venal indicator, Mr. Varman-Rosée, scar-smile smiling violet gums So along his way alone went Avine, (the teller heard the tale told and said) narratively the narrator narrated, upon which he halted, and thereupon listened with intensest attentiveness to the breath fritting in the palms, then forsake his hammock, packed his bags and got hell out for ten long years, all stiff and trucking his red carcass sithence to the end of the world, the other end, accumulating the silences and miles, stupefied with hulking legs, immobile ambulatory hulking his fever of being, to the without, to the without of years, great big legs, big fever, all utterly anonymous, desperate, all stiff and gamboling his fell darkness within, like Heraclitus of the cliff, in the desert, in the mountains, in the forests, cargo, moto, silo, zero, the dodos, turbines, under the stary sky, in the planes, cargo, sleepy time, under the starry sky, in the planes, in the threshers, just over there, in the insects, in the fleeces, in the sinks, in the unnarrated holes, in the shrimp and pistons who cried out to him: woe is Archibald, you’ll never get back to school ! Meanwhile, poor Avine, abandoned unto himself utterly alone and useless, went his way like a bolt slides among cells. He dreamt like a read-head and smoked like a red wheel He thought like a red hole and drank the air like he drank red like the lice drink glug-glug-glug, in the mangrove. The bosom of the absolute beaty (in the scales of the tidal zones) The breast of the meekest absolute, the poorest (in the scales of the tidal zones) the bosom of sickness the bosom of death Oh spirit of wine (coastal matter droning in the surf) Oh spirit of the breast (coastal matter droning in the surf) Spirit of nothing Spirit of the coming back.
Une lecture à deux voix d’extraits de Dâh, Dans la nuit khmère de Christophe Macquet.
C. Macquet lui-même, accompagné par la comédienne Karine Monneau. Je les avais évoqués dans un billet antérieur.
Alors, pour les lecteurs de Dâh, pour ceux qui voudraient découvrir ce recueil formidable, je mets en ligne, avec l’accord des intéressés, un extrait de ma captation vidéo. Partez sur les traces d’Avine. Dépaysement garanti.
… de Toulouse, ce week-end, c’est un tirage de tarot poétique par Madame Sarah, alias Sarah Freynet, metteuse en scène d’En Compagnie des barbares. Tarot des fétiches, dessiné par Karine Marco, écrit par Ana Tot. On trouve les livres d’Ana Tot chez l’éditeur Le Grand Os…
Sarah Freynet qui a aussi mis en scène cri & co de Christophe Macquet…
Ce qui s’est aussi passé, ce sont les retrouvailles avec l’auteur de cri & co et de Dâh, dans la nuit khmère. Et les discussions qui s’ensuivirent. Dix ans après.
Et Christophe Macquet, dimanche, a lu des extraits de Dâh avec la comédienne Karine Monneau. J’en reparlerai.
Je vous assure qu’il s’est passé beaucoup d’autres choses : la rencontre avec le poète Ulysse Guyot et sa Brother portative, dans le geste politique de la dactylographie à l’air libre ; la dégustation de mafé camerounais que j’ai trop relevé de piment. Les soirées avec Aurelio Diaz Ronda, l’éditeur du Grand Os. Et pour une bête question de train à prendre, je n’ai pu voir Ana Tot rencontrer la Compagnie Vendaval : Carmela Acuyo (danse) & Vincent Ferrand (contrebasse).
Christophe Macquet à gauche, Aurelio Diaz Ronda au centre
Et j’en passe…
J’oubliais : les poinçons des Approches de Dâh sont en phase de métamorphose. Désormais absents de ce site, ils reviendront par la fenêtre.
Je n’avais pas imaginé l’ampleur du chantier des Approches de Dâh, quête et enquête personnelle du recueil Dâh, Dans la nuit khmère de Christophe Macquet. Je relis, encore et encore, passe au crible, et traque les coquilles, maladresses et répétitions nées dans l’écriture à flux tendu des Poinçons. J’approche peu à peu de la fin de la relecture, fin qui ne sera pas synchrone avec la lecture publique de Christophe Macquet, le 17 septembre à la Cave Poésie de Toulouse. Peu importe, du reste. La correction est dépassionnée, allégée de la tension qui préside à l’écriture – un objet devenu tiers, étrange et familier à la fois.
Rencontrant ce matin dans la rue des amis à qui j’avais fait lire les Archéologies ferroviaires, j’apprends que le livre va, circule, est lu. Je m’en réjouis, même en l’absence de retour direct des lecteurs.
Envoi à D-Fiction du 5e texte de l’atelier De la littérature comme un art nucléaire. Il sera en ligne début octobre. Les 6e et 7e textes sont prêts – pour une fois que j’ai de l’avance… Ces nouveaux textes ont été l’occasion de lire deux livres passionnants : Un nouvel âge de ténèbres, la technologie et la fin du futur, de James Bridle (New Dark Age, traduit par Benjamin Saltel), chez Allia (2018 et 2022 pour l’édition française). Texte hallucinant dans ce qu’il révèle de notre dépendance à la pensée computationnelle, entre autres choses, qui a noyauté notre rapport au réel et à ce qu’on peut en percevoir (vision justement obscurcie, d’où le mot de “ténèbres” emprunté à Lovecraft dans “L’appel de Cthulhu”, 1926, cité p. 20 du chapitre “Gouffre” par J. Bridle : “Ce qui est, à mon sens, pure miséricorde en ce monde, c’est l’incapacité de l’esprit humain à mettre en corrélation tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur une île de placide ignorance, au sein de noirs océans de l’infini, et nous n’avons pas été destinés à de longs voyages.” Le livre de Bridle est remarquablement documenté, et tout aussi bien traduit. Un régal, effrayant pourtant dans ce que l’on y apprend. Je relis notre incapacité à tout saisir à la notion d'”hyperobjet” forgée par un un autre Britannique, Timothy Morton, dans La pensée écologique (2010, et 2021 chez Zulma Essais, trad. de Cécile Wajsbrot). Je n’ai pas lu Hyperobjets : philosophie et écologie après la fin du monde (2018), qui doit être plus proche encore de mes préoccupations. Une autre et très féconde lecture : Tchernobyl herbarium, collaboration entre le philosophe Michael Marder et la photographe Anaïs Tondeur, Editions Mimésis. Superbe livre : textes aigus sur la chose nucléaire, et “rayogrammes” créés par “l’empreinte directe de spécimens” de plantes irradiées dans la Zone d’exclusion de Tchernobyl : 24 x 36, niveau de radiations : 1.7 Microsieverts. Et la légende précise systématiquement : “en cours”, car cela ne cesse pas de se passer. Que signifient les ruines de Tchernobyl ? Les plantes aident à penser cette réalité, qui est pour moi un exemple de cet “hyperobjet” qu’évoque par ailleurs T. Morton.
En préparation : Les Approches de Dâh, dans la nuit khmère, de Christophe Macquet : projet entamé il y a plus d’un an, encore visible sur la page dédiée, jusqu’à parution du livre. Long ahan de quelque 400 poinçons, que je réunis dans un livre.
En cours d’écriture : le workshop ” De la littérature comme un art nucléaire“, sur D-Fiction. Le dernier texte paru interroge les rapports entre fiction littéraire et physique nucléaire, croisant un texte visionnaire d’H.G. Wells et le physicien Szilárd, à l’origine de la réaction en chaîne dans un labo de Chicago. Laissez-vous irradier, et ce n’est pas fini.
D’autres fers chauffent à côté du chaudron : à suivre.