Dans une précédente exposition, MATIERE | LUMIERE, l’artiste Franklin Bault explore la matière invisible, celle des molécules et des atomes, et certaines propriétés de la lumière. Avec des matériaux pauvres, dans la lignée de l’Arte povera italien, il rend visible la 3e couche de valence des gaz rares, ou une Stella octongula, comme Kepler a désigné cette structure réalisée par l’emboîtement de tétraèdres.
De l’interrogation de la science par l’art, Franklin Bault passe aujourd’hui à celle du texte apocalyptique, en une forme personnelle de révélation.
Le projet « Une apocalypse » est un écrin de 24×32, offrant 31 folios réalisés à l’encre et au crayon, tirés sur Rives 250 g. Il est en souscription du 1er juin au 15 septembre 2025 chez l’éditeur Ubik Art, afin de financer l’impression des 40 exemplaires numérotés et signés de l’artiste et l’éditeur. Pour ma part, j’ai été invité à en écrire la préface.
« Une apocalypse », c’est donc l’accueil subjectif que Franklin Bault fait du texte de l’Apocalypse de Jean. Il s’agit non pas d’illustrer le texte biblique, à la suite des enlumineurs et des Beatus, mais de révéler picturalement, tel un journal, un peu plus d’un an de vie : réminiscences des lectures religieuses, expériences, affects. C’est dire encore que chaque extrait de texte biblique vient seconder la planche picturale, dans un après-coup verbal qui sert de cadre symbolique. « Une apocalypse » est la trace d’une expérience intérieure, de celle qui, selon Georges Bataille, permettrait d’être « totalement mis à nu […] en allant sans tricher à l’inconnu. C’est la part d’inconnu qui donne à l’expérience de Dieu – ou du poétique – leur grande autorité. »
Je dis ici l’évidente dimension poétique d’ « Une apocalypse », une oeuvre troublante et belle, où « la nuit est aussi un soleil », selon le mot de Zarathoustra.
L'OEIL A FAIM | bruno lecat 
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