« Bouche », Kold Weitergehn, Poèmes du corps

Les nuages font au ciel d’étranges moisissures

La voûte pourrit par le haut

Happée soudain par l’asphalte de la route

Qui va de Montréal à Québec

Ciels de lambeaux mordorés

Cotonnades rongées d’eau

Traînées rageuses érubescentes minées par le plomb

Le 18  juillet à Saint-Jean-Chrysostome

Il a sauté d’un avion

Le froid saisit la jambe droite

La gauche se volatilise 

Suivie des bras du tronc

L’air s’engouffre par la bouche

Dans le ciel canadien où poussent les vents du nord

Gobée par les oies sauvages les saumons les truites les orignaux

Qui paissent à la brunante

Les orques les mouches à chevreuil les ours les baleines les lynx les castors les caribous et les trappeurs

Tous, tous gobent la bouche que la chute a égarée 

(Gedichte des Körpers, Kolt Weitergehn, Stahlverlag, 1966, traduction de l’allemand B. Lecat)   


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