L'OEIL A FAIM | bruno lecat

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En lisant le livre d’Alain Connes et Patrick Gauthier-Lafaye, À l’ombre de Grothendieck et de Lacan, Un topos sur l’inconscient

Après avoir écouté l’entretien d’Alain Connes et d’Étienne Klein (« Quel homme fut Alexandre Grothendieck », La conversation scientifique, 4 octobre 2025), je relis le livre d’Alain Connes et Patrick Gauthier-Lafaye, À l’ombre de Grothendieck et de Lacan, Un topos sur l’inconscient, intrigué par la démarche intellectuelle de Grothendieck, mathématicien et écrivain, dont l’œuvre sort peu à peu, justement, de l’ombre. Intrigué tout autant par le rapprochement qu’opèrent le mathématicien Alain Connes et le psychanalyste Patrick Gauthier-Lafaye. Certes, je connais l’existence des mathèmes de Lacan, son utilisation de la logique, de la topologie, de l’algèbre ; les nœuds borroméens, l’anneau de Möbius – autant de notions proprement stupéfiantes et que je ne prétends pas une seconde maîtriser. J’en arrive donc à ceci, qui m’intéresse beaucoup : le détour que fait Lacan dans le champ des mathématiques lato sensu pour rendre compte de ses intuitions s’apparente aux pas de côté de Grothendieck pour aborder et résoudre des problèmes mathématiques complexes. Je ne peux manquer d’associer à cela le bricolage évoqué par Lévi-Strauss – bricolage au sens structuraliste – ou aux textes éclairants de Michel de Certeau, notamment L’invention du quotidien : les « arts de faire » de chacun de nous, au quotidien, sont nos tactiques de résistance à la conformation technicienne, productiviste ; une manifestation de l’inventivité humaine pour détourner les codes, les objets – on est là dans le geste créateur, fût-il anonyme et humble. Pour les cervelles de Grothendieck et de Lacan, il s’agirait aussi de créer par le détour.

Bref, Alain Connes et Patrick Gauthier-Lafaye dialoguent : quel intérêt pour le psychanalyste de tenter de saisir le concept de topos de Grothendieck ? Ni mathématicien ni psychanalyste, je suis candide et tente d’y comprendre quelque chose.